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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 22:54

Conférence de Mr Jean Marie Barbançon  le Samedi 5 Mars 2011 à Tournus

 

 

 

Jean-Marie Barbançon est apiculteur professionnel dans la Drôme, président du Groupement départemental sanitaire apicole de la Drôme et administrateur de la Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales. Aujourd'hui spécialisé en pathologie apicole, il a exercé comme vétérinaire pendant 20 ans.

 

 

IntoxicationsLe « problème abeille »

au quotidien

sur le terrain

Jean-Marie Barbançon

Dr Vétérinaire - Apiculteur professionnel - Membre du CST (2001 à 2008)

ACADEMIE VETERINAIRE : séance du 5 février 2009

Intoxications

d’abeilles…

Le plus souvent dues à l’usage des insecticides

(pesticides)

• Dès l’avènement des insecticides (OC puis OP)

à partir de 1950

(cas d’intoxications d’abeilles signalés, mode aigu et/ou

chronique)

Années 90

Apparition d’insecticides utilisés en

enrobage de semences.

- Gaucho (imidaclopride,

néonicotinoïde)

- Régent TS (fipronil, phénylpyrazole)

[ Mais aussi Confidor (imidaclopride /

épandage)]

"révolution" , bon accueil, cible bien

atteinte

Faibles dosages hectare

Mais l’Abeille…

Bio-indicateur sensible, révèle une

problématique nouvelle

Et débute un débat qui n’a pas encore

pris fin!

Intoxications d’abeilles…

Années 70 à 90 : avec l’usage des pyréthrinoïdes la

notion de sublétalité fait son apparition (maladie de la

disparition)

faibles dosages à l’hectare

- difficultés pour amener la preuve de l’intoxication

- les effets sublétaux de ces substances sont

maintenant

démontrés

Années 90 : apparition d’insecticides utilisés en

enrobage de semences.

- Gaucho (imidaclopride, néonicotinoïde)

- Régent TS (fipronil, phénylpyrazole)

[ Mais aussi Confidor (imidaclopride / épandage)]

Intoxications

d’abeilles…

• Actuellement regain d’utilisation pyréthrinoïdes

+ imidaclopride ( suspendu uniquement Tournesol et Maïs)

2008 : France , autorisation Cruiser (thiaméthoxam,

néonicotinoïde)

Allemagne, Italie [Cruiser + Poncho (chlothianidine,

néonicotinoïde)]

problèmes lors des semis. Interdiction

2009 : France, reconduction autorisation Cruiser

Pertes, mortalités, affaiblissements

et troubles divers

Pourcentage de mortalité normal < 10%

( zone tempérée : hiver = cap délicat)

Depuis 1990 taux de pertes voisin de 30 %

Pertes homogènes ( facteurs climatiques)

Pertes hétérogènes maintenant , constance,

étiologies diverses à envisager …

Parmi toutes ces étiologies…

… nous avons choisi de traiter de

« l’épineux » dossier GAUCHO ®

Puisque sa matière active : l’imidaclopride

est

mise au banc des accusés d’un certain

nombre

troubles apicoles.

DOSSIER

GAUCHO

Première étape :

Faits et observations…

A partir des années 90 …

…années « Gaucho »

Les apiculteurs observent une nouvelle combinaison

de

troubles, dont :

• Dépopulations estivales des colonies au déclenchement

de la miellée de tournesol

• Diminution de la récolte en miel de tournesol

• Abeilles présentant des signes nerveux (à la ruche et sur

capitules de tournesol)

• Taux de mortalités hivernales accru

(atteignent une moyenne de 30 p 100 en

zones grandes cultures )

Répartition géographique des troubles

• Centre et Ouest de la France surtout

• Sud- ouest moins touché

Taux de pénétration Gaucho variable selon

régions et zones (hétérogénéité)

(atteint 80 % dans l’ouest )

Le constat épidémiologique :

• les ruches transhumées sur des miellées autres

que celles du tournesol échappent aux

dépopulations, ont une récolte et un

comportement normaux

• concomitance : les dates d’apparition ( 4 jours

après déclenchement de la miellée de tournesol)

et de disparition des troubles corroborent la

thèse de l’intoxication sur des cultures de

tournesol/maïs en floraison.

• les tournesols et maïs sont, pour la plupart,

traités Gaucho

Des certitudes épidémiologiques,

notamment

la concomitance des troubles observés

avec

leur répartition géographique, leurs dates

d’apparition et le type de miellée permettent

d’emblée d’orienter fortement le diagnostic

vers une intoxication au Gaucho.

Les apiculteurs accusent le

Gaucho

Le fabricant nie toute responsabilité de sa spécialité

d’enrobage dans les phénomènes observés

Les apiculteurs n’ayant à l’époque pas grand

recours d’ordre scientifique (pas ou trop peu de

spécialistes pour assurer les constats de terrain ni

de possibilité analytique) entreprennent des actions

sociétales : débats, manifestations, médiatisation et

actions en justice.

Ministre / principe de précaution et suspensions

d’usage…

LES REACTIONS DES

APICULTEURS

Ces difficultés analytiques peuvent être appréhendées à

travers

les dires de J.P. Faucon, chef de l’Unité Abeille de l’AFSSA

SOPHIA Antipolis, propos recueillis lors d’un colloque du

Réseau Biodiversité en date du 23 janvier 2007 :

« En 1999 et en 2000, on a fait une enquête de mortalité

hivernale, qui portait sur plusieurs départements. On a

montré qu’il y avait des problèmes de Varroa, de

nosémose et d’autres maladies, et que l’on ne retrouvait

pas de toxiques. La seule critique faite c’est qu’on n’avait

pas recherché l’imidaclopride – à cette époque, on

n’avait pas encore dans notre laboratoire les

moyens analytiques pour le faire. »

Mais revenons aux

symptômes…

Mortalités d’abeilles

Au rucher ? , pas toujours !

Troubles sur miellée de

tournesol…

Dépopulations avec (ou non) mortalités

Mais où sont passées les abeilles ?

DEPOPULATION

Les dépopulations doivent être constatées

très vite

ABEILLES D’ÉTÉ et ABEILLES D’HIVER

Troubles sur miellée de

tournesol…

Diminution des récoltes en miel de tournesol

Une région à titre d’exemple :

Taux de pénétration « Gaucho » estimé entre 60 et 80 %

Mais aussi…

• Troubles du butinage sur capitules de

tournesol

FILM

MONTAGE

• MONTAGE

Mais encore…

Problèmes de reines :

- infécondité

- mortalité

- remérages spontanés

En zone grandes cultures les reines ont une espérance de vie réduite

Espérance de vie normale : 5 ans

FINI ! Plus observé !

Mortalités «hivernales»

• Avant (mise en hivernage, non valeurs)

• Pendant

• Après (colonies qui végètent et meurent

ou sont éliminées)

Printemps 2005…

mortalités hivernales.

Pertes de 300 ruches sur 500 !

Maïs « Gaucho »

DOSSIER GAUCHO

Deuxième étape

Mise en place de l’expertise

scientifique

Document technique Bayer :

« l’imidaclopride est une matière active

dangereuse pour les abeilles. En raison

du mode d’application en tant que

produit pour le traitement des

semences, les abeilles ne sont

toutefois exposées à aucun risque »

Danger : oui

Exposition ? dose ?

Risque ?

Bayer nie la systémie de

l’imidaclopride

Les études de J.M. Bonmatin sur le métabolisme

de l’imidaclopride dans les végétaux issus de

graines traitées Gaucho lui permettent de

déceler :

• 1,9 !g/kg d’imidaclopride dans le nectar

• 3,3 !g/kg « dans le pollen

Donc la matière active « circule » dans le végétal

L’Abeille en consommant ces denrées

est bel et bien exposée à un danger

L’imidaclopride est :

• « Très toxique » pour l’abeille

(DL 50 orale très basse = 3,7 ng / abeille)

• Non répulsive

• Systémique

• Et a des effets létaux et sublétaux

(troubles de l’orientation)

• Rémanente dans les sols

Vers un CST

• Le Ministre de l'Agriculture en janvier 1999 puis en

février 2001:

applique le principe de précaution

(pour répondre aux alarmes des apiculteurs)

en suspendant l'utilisation du Gaucho pour les

traitements des semences de tournesol.

• Comme mesure d'accompagnement, le Ministre décide

la création d'un Comité Scientifique et Technique

chargé de piloter une étude multifactorielle des troubles

des abeilles.

Ce comité débute ses travaux en octobre 2001.

CST ?

Comité scientifique et technique de

l’étude multifactorielle des troubles des

abeilles

Les Travaux du CST : 2 orientations

! sous-groupe « métrologie » travail d'inventaire et de

bibliographie (produit 2 rapports)

! Parallèlement, le comité a créé un sous-groupe

« réseau » mise en place d'observations de terrain :

- à compter de 2003, un réseau d'analyse multifactorielle

s'intéressant de près à la nature et aux causes des troubles réels

des abeilles dans plusieurs points du territoire.

EMP est née, gestion confiée à l’AFSSA SOPHIA qui

en fait « sa chose »

( n’a livré au CST que des données élaborées)

CST résultats « groupe métrologie »

• 2 volumineux rapports Gaucho et Fipronil

• Originalité du travail d’expertise du risque :

- construction de scénarios d’intoxication.

- étude de risque en fonction des rapports

PEC/PNEC et application d’un facteur d’incertitude.

PEC = Predicted Environmental Concentration

concentration prédite d'exposition

PNEC = Predicted No Effect Concentration

concentration prévue sans effets pour les organismes

de l'environnement

RISQUE mis en évidence si PEC/PNEC > 1

CST valeurs des contaminants

retenues

Cas de l’imidaclopride (Gaucho)

Tournesol :

• Pollen de fleurs : moyenne à 3,3 !g/Kg (ppb)

(pollen de trappe : pas retenu)

• Nectar : 1,9 !g /Kg (unique donnée exploitable)

Maïs :

• Pollen de fleurs : 3,5 !g/Kg

Rapport PEC/PNEC selon le pourcentage de contamination des produits consommés

Scénario

A partir d’une exposition

à du Tournesol traité

Gaucho

A partir d’une exposition

à du Maïs traité Gaucho

Commentaires relatifs aux scénarios

Scénario 1 : consommation

de « bouillie larvaire » par

les larves

Rapport PEC/PNEC non déterminé par absence de données

de toxicité

Absence de données :

- de toxicité

- de dosages de résidus dans la

gelée royale et la « bouillie larvaire »

- sur la stabilité de l’imidaclopride

au cours du stockage dans la ruche

Scénario 2 : consommation

de pollen par les nourrices

2 à 9 (151*) 2,1 à 9 (151*)

Absence de données :

- sur la stabilité de l’imidaclopride

au cours du stockage du pollen dans la

ruche

- de dosages de résidus dans le

pain d’abeilles

Scénario 3 : consommation

de pollen par les butineuses

0,07 à 0,3 (12*) 0,07 à 0,32 (13*) Scénario reposant sur une estimation

de la proportion de pollen ingéré lors de la

confection de pelotes

Scénario 4 : consommation

de nectar par les

butineuses

2,6 à 13 (546*)

maïs = plante non

nectarifère

Absence de données :

- de dosages de résidus dans le

miel stocké à la ruche

Scénario reposant sur une seule

analyse de résidus dans le nectar

Scénario 5 : consommation

de miel par les abeilles

d’intérieur

9,5 à 190 (3166*)

maïs = plante non

nectarifère

Absence de données :

-de dosages d’imidaclopride dans le

miel

-sur la stabilité de l’imidaclopride

dans le miel lors de son stockage dans la

ruche

Scénario reposant sur une seule

analyse de résidus dans le nectar

IMIDA CST estimation du risque

(2003)

* ratio obtenu à partir des données de Suchail (cas extrême)

Bien évidemment…

Dans une même colonie ces scénarios se

superposent et les abeilles de différentes

classes d’âges

sont concernées simultanément .

Action en continu possible pour une même

abeille (larve " butineuse )

Les commentaires peuvent maintenant être

révisés (données plus récentes)

Conclusions* CST imida

… selon les scénarios développés pour évaluer

l’exposition et selon les facteurs d’incertitude

choisis pour évaluer les dangers, les rapports

PEC/PNEC obtenus sont préoccupants.

…En conséquence, l’enrobage de semences de

tournesol Gaucho® conduit à un risque significatif

pour les abeilles de différents âges, à l’exception de

l’ingestion de pollen par les butineuses lors de la

confection de pelotes

Conclusions consensuelles des

membres du CST

Y compris des 2 représentants Afssa Sophia.

Michel Aubert dans le Bull. Epid. Afssa Mars 2006 :

« Cette évaluation du risque résumée par le

tableau 2, fut un travail d'expertise collective

auquel deux d'entre nous ont été associés et

que nous approuvons.

Les rapports PEC/PNEC évalués sont

assurément préoccupants. »

EMP: Etude multifactorielle prospective

• 5 départements, 5 ruchers, 5 colonies

• 4 prélèvements annuels / colonie

• Départ de l’étude en 2003 :

(Gaucho est suspendu sur tournesol depuis

1999)

Donc, les valeurs (imidaclopride) qui vont suivre

ne correspondent pas à ce qui aurait pu être

observé sur miellée de tournesol contaminé.

[En ce qui concerne le fipronil (interdit en 2004) très peu

de prélèvements ont été effectués durant la miellée des

tournesols (vacances des préleveurs) ]

EMP Imida miel (2003)

LD = 0,3- LQ = 1 !g/kg LD = 0,3 – LQ = 0,6

!g/kg

EMP Imida miel (2003)

34 % des miels sont contaminés

DJA consommateur : peu de risques de

dépassement

EMP POLLEN 2003

Traces inquiétantes ! Il s’agit d’insecticides...

L’abeille est un insecte !

Pas d’interprétation en toxicité aigue de ces résultats.

Mais sub-létalité et synergies d’action envisageables.

Ex.: imidaclopride et fungi entomopathogènes (Nosema sp.)

EMP POLLEN 2003

Plus de 60 % des pollens sont contaminés

par imidaclopride et /ou fipronil !

Etude Afssa

Nourrissement colonies à l’imidaclopride

Une étude qui innocente le

Gaucho…

Expérimentation qui à consisté à nourrir des colonies avec un

sirop contaminé par de l’imidaclopride puis à les suivre sur

plusieurs mois.

Sirop distribué dans le nourrisseur

Objectif : mimer ce qui se passe dans une miellée de tournesols

Etude Afssa

Nourrissement colonies à l’imidaclopride

… Selon la conclusion des auteurs :

« De plus , les effets biologiques constatés

dans les conditions expérimentales ne

démontrent pas que les dépopulations

d’abeilles et les modifications de

comportement rapportées par les

apiculteurs soient provoquées par le

Gaucho » .

Mais ...

Etude Afssa

Nourrissement colonies à l’imidaclopride

Mais …

Cette étude :

• a été démontée en séance du CST

• a été rejetée par feu le « Groupe abeille » de la

Commission d’étude de la Toxicité au prétexte

que « cette expérimentation avait été menée

avec des méthodes grossières »

Etude Afssa

Nourrissement colonies à l’imidaclopride

Mais, pourquoi ?

Car le protocole de ce travail ne mime pas les conditions

d’une

floraison de tournesol traité Gaucho, à savoir* :

La quantité de contaminant (imidaclopride) distribuée

avec le sirop dopé atteint péniblement le dixième de

ce qui peut rentrer à la ruche avec le nectar contaminé !

Aucun pollen contaminé à l’imidaclopride n’est

distribué aux abeilles dans cette expérimentation, alors

que dans le cas de la floraison des tournesols il entre à

la ruche du nectar et du pollen ( contamination moyenne

= 3,3 ppb)

* Entre autres

Etude Afssa

Nourrissement colonies à l’imidaclopride

Donc, il est difficilement concevable de

s’appuyer sur cette étude dont le protocole

est trop éloigné des conditions réelles d’une

miellée et pollinée de tournesol contaminées

par l’imidaclopride (Gaucho).

Mortalités d’abeilles en relation

avec les semis

• 2002 : Régents TS , sud ouest

Plusieurs milliers de colonies

• 2008 : Italie , Allemagne

• 2008 : France, Cruiser

Autres aspects des troubles…

• Mortalités et FCO

• Colonies en « hypo-tout » (végètent)

• Varroa un autre fidèle bio-indicateur ?…

• Etc.

 

 

 

 

 

 

 

 Chapitre 2

Connaissance de l'utilisation des pesticides

Coordinatrice du chapitre : Laurence Guichard

Auteurs : Marc Benoît (INRA), Bernard Bonicelli (Cemagref), Laurence Guichard (INRA), Robert Delorme (INRA), Vincent Faloya (INRA), Bernadette Ruelle (Cemagref)

Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement" Chapitre 2 - 1

Table des matières

2.1. Consommation de pesticides......................................................................................................................3

2.1.1. Données utilisées....................................................................................................................................3

2.1.2. Evolution des consommations de pesticides en France depuis 1979......................................................4

2.1.3. La consommation en France par rapport aux autres pays de l’Union.......................................................7

2.1.4. La consommation pour les différentes cultures.........................................................................................9

2.1.5. Idées essentielles..................................................................................................................................10

2.2. Les pesticides : caractéristiques, mode d’action et évolution.................................................................12

2.2.1. Caractéristiques et modes d’action des pesticides, évolution quantitative.............................................12

2.2.2. Etat des lieux et évolution du contexte....................................................................................................20

2.2.2.1. Le cadre réglementaire : vers un retrait de substances actives du marché et un durcissement des conditions d’utilisation.................................................................................................................................20

2.2.2.2. Les démarches et mesures incitatives : des mesures d’accompagnement pour une limitation des "grosses erreurs"........................................................................................................................................21

2.2.3. Perspectives d’innovation de l’agrochimie à moyen terme......................................................................24

2.3. Pratiques.....................................................................................................................................................26

2.3.1. Données disponibles / données utilisées................................................................................................26

2.3.2. Utilisation des pesticides.......................................................................................................................28

2.3.2.1. Cas des grandes cultures................................................................................................................28

2.3.2.2. Cas du maraîchage et des cultures sous abri..................................................................................37

2.3.2.3. Cas des cultures pérennes (arboriculture fruitière et vigne)............................................................38

2.3.3. Matériels d’application...........................................................................................................................42

2.3.3.1. Les techniques d’application............................................................................................................42

2.3.3.2. Les matériels utilisés.......................................................................................................................46

2.3.4 Idées essentielles...................................................................................................................................47

2.4. Structures et acteurs du conseil.................................................................................................................48

2.4.1. Organisation générale du conseil/prescription en France.......................................................................48

2.4.2. Outils proposés et stratégies développées.............................................................................................48

2.4.2.1. Evolution récente des outils de conseil proposés............................................................................48

2.4.2.2. Prise en compte de l’environnement par le conseil.........................................................................51

2.4.3. Industries phytosanitaires : éléments de contexte...................................................................................51

2.4.4. Idées essentielles..................................................................................................................................53

2.5. Bilan du chapitre 2.....................................................................................................................................54

2.5.1. Les sources utilisées.............................................................................................................................54

2.5.2. Exploitation des données : les enseignements en matière de consommation et d’utilisation des pesticides........................................................................................................................................................56

2.5.3. La question des indicateurs....................................................................................................................58

2.5.4. Le contexte de l’utilisation des pesticides : l’accompagnement technique..............................................59

Références bibliographiques

Annexes :

A2-1 : Questionnaire de l’enquête "Pratiques culturales" 2001 blé tendre

A2-2 : Part de la surface avec désherbage mécanique en 2001 pour quatre cultures (maïs, tournesol, betterave, pomme de terre), selon les régions

A2-3 : Diversité régionale de quelques pratiques agricoles et du rendement sur blé tendre en 2001

A2-4 : Diversité régionale de quelques pratiques agricoles et du rendement sur colza en 2001

A2-5 : Diversité régionale de quelques pratiques agricoles et du rendement sur maïs grain en 2001

A2-6 : Diversité régionale de quelques pratiques agricoles et du rendement sur pois protéagineux en 2001

A2-7 : Caractéristiques des principaux outils utilisables en matière de décision de protection phytosanitaire. Bilan non exhaustif réalisé sur grandes cultures, vigne et cultures industrielles

A2-8 : Lettre ouverte des industriels de la protection des plantes (UIPP, 2004)

Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement" Chapitre 2 - 2

2.1. Consommation de pesticides

2.1.1. Données utilisées

Le thème de la consommation des pesticides est très peu abordé dans la littérature scientifique classique. Pour le traiter, il est nécessaire de se rapporter à des rapport d’études publiés par différents organismes privés (European Crop Protection Association, Union des Industries de la protection des plantes et ses homologues dans les autres pays européens, firmes phytosanitaires…) ou publics (Ministères, Commission des communautés européennes, Food and Agriculture Organization…). Les chiffres publiés dans ces rapports sont très souvent estimés à partir des chiffres de vente des principales firmes phytopharmaceutiques. L’utilisation réelle des produits une année donnée peut différer des chiffres de vente du fait des stockages ou déstockages effectués par les utilisateurs ainsi que des exportations ou importations vers d’autres pays, en zone frontalière notamment. Les chiffres de vente traduisent également une diversité des utilisations, certes agricoles pour la plupart, mais également domestiques (jardins, espaces verts).

Dans le cas des données Eurostat de la direction des Statistiques de l’Union Européenne, les chiffres sont fournis par l’European Crop Protection Association (ECPA) regroupant les sept principales firmes vendant des produits phytosanitaires en Europe (Aventis Crop Science, BASF, Syngenta, Bayer, Dupont de Nemours, Dow AgroSciences et Monsanto). A elles seules ces firmes représentent 90% du marché européen des produits de protection des plantes (Eurostat, 2002). Dans le cas de l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP), les chiffres fournis présentent les ventes réalisées par les 21 entreprises partenaires, ce qui représente environ 96% du chiffre d’affaires du marché français.

Les données de la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO, base de données "FAOSTAT") sont obtenues auprès des pays membres par différentes voies : questionnaires, publications nationales et internationales, rapports des représentants de la FAO dans les pays membres, visites. Certaines des données disponibles sont donc incomplètes et leur solidité peut être mise en question.

Ces données font toutes l’objet de statistiques nationales. Les échelles supérieures d’analyse (régionales par exemple) ne sont pas accessibles, ce qui exclut la possibilité de mettre en relation des lieux d’utilisation et des quantités de produits. Cette difficulté n’est pas spécifique à notre pays et est également rencontrée lors d’inventaire des consommations de produits phytosanitaires dans d’autres pays d’Europe, Belgique par exemple (Borgo et al. 2004).

Enfin, les consommations sont fournies au mieux de façon agrégée par grande catégorie de produits, herbicides, fongicides et insecticides (y compris acaricides et nématicides). En l’absence de monitoring (ou de résultats accessibles) par produit ou matière active, les évolutions au sein d’une catégorie ne peuvent faire l’objet que d’hypothèses non vérifiées. Dans la catégorie « produits divers », sont regroupés les molluscicides, les régulateurs de croissance, les produits répulsifs, les fumigants, les stérilisants, les rodenticides et les adjuvants.

Les sources de données retenues pour renseigner le chapitre « consommation » sont donc les données de l’ECPA pour les quantités de produits phytosanitaires vendues en Europe ou de l’UIPP au niveau français. Les chiffres obtenus sont similaires à ceux trouvés dans Eurostat mais sont complets alors que l’on observait certains manques dans la base de données Eurostat. Les chiffres de surfaces cultivées proviennent eux de la base de données FAOSTAT. Nous avons privilégié les longues séries chronologiques et les recueil les plus récents, soit 2004 pour l’UIPP (chiffres de 1979 à 2004), 2002 pour ECPA (chiffres 2001) et 2002 pour la FAO (chiffres de 2001).

Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement" Chapitre 2 - 3

2.1.2. Evolution des consommations de pesticides en France depuis 1979

Compte tenu de la nature des données disponibles, l’évolution des consommations de pesticides est assimilée à l’évolution des ventes de matières actives.

Les figures 2.1-1 et 2.1-2 ci-dessous présentent l’évolution des ventes de matières actives phytosanitaires en France, de 1979 à 2004.

Figure 2.1-1. Evolution des tonnages de substances actives vendues en France entre 1979 et 2001 (Sources UIPP, les chiffres clés 2001 (www.uipp.org/repere/chiffre.asp))

Figure 2.1-2. Evolution des tonnages de substances actives vendues en France entre 1990 et 2003 (Sources UIPP, les chiffres clés 2004 (www.uipp.org/repere/chiffre.asp)

La forte augmentation des quantités totales de substances actives vendues au début des années 80 traduit l’apparition des premiers fongicides de synthèse. Suivent ensuite des consommations relativement stables jusqu’au début des années 1990. Le changement majeur de la politique agricole commune en 1992, avec notamment la mise en place d’une jachère obligatoire sur un pourcentage élevée de la surface (15% en 1993 et 1994, puis 12,5% en 1995) a eu un très fort impact sur les

Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement" Chapitre 2 - 4

consommations de pesticides. La diminution d’utilisation des herbicides et dans une moindre mesure des fongicides se traduit par une forte diminution des utilisations totales (de l’ordre de 20%).

Dès le milieu des années 90, nous assistons à une augmentation lente mais régulière des quantités totales de pesticides vendus (+50% en 5 ans). Nous atteignons ainsi un pic des ventes en 1999 suivi d’un creux en 2000 qui pourrait traduire un stockage important de produits en prévision de la taxe phytosanitaire (TGAP) appliquée à partir de 2000. Il s’agirait donc là d’une anticipation de mesures réglementaires avec un impact financier pour les agriculteurs. De 2001 à 2003, nous avons assisté à une diminution régulière des ventes (-25%) pour une bonne part imputable à la forte diminution de l’utilisation du cuivre et du soufre (-30%). La diminution des quantités vendues correspond aussi à des évolutions dans les utilisations des produits de synthèse. Ainsi certains produits utilisés à des doses hectare importantes ont vu leur utilisation interdite (certaines triazines comme l’atrazine ou la simazine) ou leur dose maximale limitée (urées substituées comme l’isoproturon ou le diuron dont la dose maximale est passées de 1 800 g/ha à 1 200 g/ha). Parallèlement, on a vu l’apparition et une forte augmentation de l’usage de nombreuses matières actives utilisées à de très faibles dosages à l’hectare (quelques grammes ou quelques dizaines de gramme), notamment dans les familles des sulfonylurées pour les herbicides et les pyréthrinoïdes de synthèse pour les insecticides. Une partie de la diminution observée n’est donc pas représentative car elle ne correspond qu’à la substitution d’une matière active par une autre. Cette tendance a également été retrouvée en Belgique, où il semble qu’en quelques années, la dose moyenne de traitement soit passée de 1 kg de matière active à l’hectare à 0,1 kg/ha (Borgo et al., 2004). Enfin, une autre partie de la baisse est liée à des conditions climatiques défavorables au parasitisme, surtout lors de la campagne 2002-2003, sèche et chaude, qui a réduit les perspectives de récolte (Iling 2004). Ainsi, selon les responsables de la section agriculture de BASF, "l’évolution du marché français s’explique très bien, elle n’est pas due uniquement à l’influence de l’opinion sociétale" (Reiners et al., 2004).

Les chiffres de l’année 2004, montrent que la tendance à la baisse s’est stabilisée. En effet, la firme BASF annonce une progression du chiffre d’affaire des produits phytosanitaires en augmentation de 9% au premier semestre 2004 par rapport au premier semestre 2003 et annonce que "le bilan de la division phytosanitaire […] sera positif sur l’ensemble de l’année 2004". Les dirigeants de cette firme pensent que leurs progrès "ont bénéficié d’un élan supplémentaire issu de la reprise générale du secteur agricole" (Reiners et al., 2004). Les chiffres communiqués en Juillet 2005 par l’UIPP concernant l’année 2004, donnent un tonnage global de substances actives vendues de 76 105 tonnes, se répartissant de la manière suivante : 2 469 tonnes pour les insecticides, 37174 tonnes pour les fongicides, 26102 tonnes pour les herbicides et 10 360 tonnes de substances actives diverses (voir tableau 2.1-2).

Globalement après les évolutions des tonnages de substances actives phytosanitaires vendues en France entre 1980 et 2000 présentés ci-dessus, on retrouve aujourd’hui des tonnages équivalents à ceux du milieu des années 90.

La figure 2.1-1 présente également les évolutions des quantités vendues selon les utilisations (herbicides, fongicides, insecticides et produits divers).

L’utilisation des herbicides a augmenté de façon lente mais régulière entre 1980 et 1999 (+30% en 20 ans). Cette augmentation est à mettre en parallèle avec d’une part, un développement des surfaces non labourées (voir tableau 2.1-1) (travail du sol simplifié) et une simplification des rotations (tableau 2.1-1bis et 2.1-1ter), ce qui a conduit à une augmentation du salissement des parcelles. D’autre part, des surfaces importantes de prairies ont été retournées durant cette période, notamment pour introduire du maïs fourrage. Ces changements dans les modes de conduite ont entraîné l’apparition ou le développement du désherbage chimique. De plus, au cours des 15 dernières années, un grand nombre de résistance partielle ou totale de certaines adventices se sont développées entraînant une augmentation des quantités d’herbicides utilisées.

Expertise scientifique collective "Pesticides, agriculture et environnement" Chapitre 2 - 5

Tableau 2.1-1. Evolution moyenne nationale de la part des implantations sans labour pour différentes cultures entre 1994 et 2001 (Agreste 1996 et 2004) Cultures

% de la surface implantée sans labour

En 1994

En 2001

 

Blé tendre

11.5 %

17.1%

Colza d’hiver

17.9%

21.9%

Orge-escourgeon

4.9 %

11%

Maïs grain

2.4%

6.9%

Blé dur

37.4%

44%

Maïs fourrage

1.7%

4.4%

Tournesol

5.6%

8.4%

Pois de printemps

1.7%

6%

         

 

 

 

 

   

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pesticide

http://www.notre-planete.info/ecologie/alimentation/pesticides_0.php

http://www.beekeeping.com/articles/fr/tasei.htm

http://terresacree.org/abeillespesticides.html

http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3634

http://www.les-vegetaliseurs.com/article-64910-guttationneonicotinoidesabeilles.html

http://abeilles-mayennaises.fr/article.php3?id_article=132

http://www.youtube.com/watch?v=e8Nsn4KvjwM

http://abeillespassion.e-monsite.com/rubrique,l-hypocrisie-de-l-agrochimie,1096506.html

http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/pub812/10pest.htm

 

http://www.mieliditalia.it/download/massenwechsel_f.pdf

 

 

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